Les cartes routières, témoins de leur temps
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Note : il vous est possible d'obtenir une image en plus haute résolution (dimensions 2 ou 4 fois plus grandes) en cliquant sur chacune des images de cette page. Les cartes ont été numérisées à une résolution de 300 points par pouce.

Le tourisme

Au début du XXème siècle et jusqu'au milieu des années 1930, il n'existe que très peu de guides touristiques et d'aide à la navigation routière. À cette époque, Michelin se dote d'un service dédié, le « Bureau d'Itinéraires », qui se charge d'établir les meilleurs itinéraires allant d'un point à un autre, en fonction de l'état du réseau routier de l'époque. Le bureau est mentionné sur les cartes, comme ici en troisième page de couverture de la carte « Paris (Sud) » de 1924.

Des exemples de fiches itinéraires du bureau sont visibles à l'« Aventure Michelin » à Clermont-Ferrand, dont je recommande la visite.

Jusqu'au milieu des années 1930, la manufacture édite également une carte « État des routes », qui sert au conducteur audacieux à choisir son itinéraire. À cette époque, toutes les routes ne sont pas encore goudronnées, loin s'en faut (la page sur la légende des cartes apportera quelques précisions à ce sujet), un détour par des routes de meilleure qualité peut diminuer la fatigue du voyage, ainsi que le risque de crevaison.

Compte tenu du travail des Ponts & Chaussées, d'une part, et des effets du gel et des intempéries sur les revêtements, d'autre part, cette carte est mise à jour trois fois par an.

Bien entendu, elle sert aussi de publicité pour les autres cartes plus détaillées ! Ici, l'édition été 1930 (numérisée tant bien que mal car en très mauvais état de conservation) :

La légende indique les différents types de revêtement susceptibles d'être rencontrés. Notez aussi à droite, dans l'espace libre laissé par la représentation de l'océan Atlantique, le dessin d'un Bibendum en pleine activité aqualudique, pratique qui perdurera sur les cartes à grande échelle, jusqu'à nos jours.

Tous ces types de routes se rencontrent à l'époque dans le Massif Central (et dans les Alpes). Sur ce fragment de la carte, les routes autour de Lyon sont parmi les meilleures, alors que la Nationale 102 entre Brioude et Le Puy, ou la Nationale 88 autour de Costaros (au sud du Puy) ne sont probablement pas de tout repos !
Mais revenons aux cartes départementales au 1 / 200 000ème, qui sont les plus intéressantes.

Si la deuxième page de couverture est généralement utilisée pour la légende de la carte, la troisième page de couverture sert à faire la réclame d'autres produits Michelin, ou d'encourager le tourisme, selon les époques.

Ci-dessous, la troisième page de couverture de la carte numéro 69 de 1934 présente les gammes de cartes disponibles, dont des cartes des pistes transsahariennes, celle de la carte numéro 63 de la même année recommande de disposer de la dernière édition du guide Michelin (dans votre intérêt, bien évidemment), et deux ans plus tard, la carte numéro 83 annonce la parution d'un guide des gorges du Tarn, à un prix défiant toute concurrence.

En 1938, la carte au 1 / 50 000ème numéro 100 « Sorties de Paris » sert de publicité à deux autres cartes des environs de Paris, chacune dotée d'une carte sobrement intitulée « Où aller le dimanche » !

La troisième page de couverture est aussi l'occasion de recommander à l'automobiliste de visiter les sites remarquables de la région, afin d'user ses pneus. Le choix des sites présentés évolue avec le temps.

Ci-dessous, voici la présentation de l'Auvergne dans la carte numéro 76, en 1935 et 1946.

La présentation gagne en dessins ce qu'elle perd en villes trop proches, telles que Blesle, Laguiole et Riom-ès-Montagnes. Les quelques reliefs qui étaient signalés en 1935 disparaissent, tout comme les viaduc des Fades et de Garabit, qui ne sont plus des constructions suffisamment récentes en 1946. Notez également sur le dessin du Puy de Dôme que celui-ci n'est pas encore surmonté de son antenne, qui ne sera installée qu'en 1956 !

Après la deuxième guerre mondiale, l'incitation au tourisme reprend vite, comme ici sur la deuxième page de couverture de la carte numéro 60 de 1946 (j'aime beaucoup ce Bibendum hallebardier).

De plus, à cette époque, une carte pour les cyclistes sera éditée quelques années avant de disparaître. En voici la mention en deuxième page de couverture de la carte numéro 55 de 1945.

Ci-dessous, la deuxième page de couverture de la carte numéro 71 de 1962, qui récapitule tous les guides disponibles.

Enfin, cette note dans la marge des plis 13 et 14 de la carte numéro 63 de 1934, vous invite à vous munir d'un guide avant d'excursionner. Tout à droite, notez la mention d'une ligne maritime allant à Vera Cruz depuis St-Nazaire.
Suite : les pneumatiques