Les cartes routières, témoins de leur temps
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Des cartes, des cartes... oui mais des cartes Michelin !

Comme indiqué en préambule, je dispose d'une petite collection de quelques centaines de cartes routières Michelin (et je tiens ici à remercier Jean-Philippe Rannaud pour son importante contribution à cette collection). Pour la plupart, il s'agit de cartes dites « départementales » au deux-cent-millième (1 / 200 000, 1 cm sur la carte correspondant à 2 km réels) faisant partie d'une série de cartes couvrant la France métropolitaine et la Corse, numérotées de 51 à 86 pour la France métropolitaine et 90 pour la Corse.

Pourquoi la numérotation de ces cartes commence-t-elle au numéro 51 ? C'est parce que cette série de 37 cartes succède à une série précédente de 47 cartes, que l'on appelait encore « feuilles » : « la France en 47 feuilles » (puis 48 avec l'ajout d'une feuille supplémentaire pour l'Alsace).

Les voici présentées sur la troisième page de couverture de la carte feuille numéro 1.

Les « feuilles » avaient une couverture blanche plutôt neutre, avec le Bibendum souriant, et encore fumeur de cigare. Ci-dessous, la couverture de la feuille « Paris (Sud) » de 1924. Notez qu'avec les deux feuilles Paris (Nord) et Paris (Sud), ce sont en fait 50 feuilles qui étaient éditées par Michelin.

À la fin des années 1920, cette série de feuilles est remplacée par une série de 37 cartes à la même échelle. Un meilleur découpage du territoire français, en particulier à proximité de l'océan Atlantique, permet d'économiser onze feuilles. De plus, pour la première fois chez Michelin, le département de la Corse (qui ne sera scindé en deux qu'au premier janvier 1976) est cartographié, par la carte numéro 90.

Voici cette série de cartes départementales présentées sur la troisième page de couverture de la carte numéro 83 de 1945 :

Tout d'abord de couverture orange à liséré bleu, le fond orange devient jaune au début des années 1950, et le liséré disparaît en 1955. Ci-dessous, la couverture de la carte numéro 76, éditions 1935 et 1960.

La troisième page de couverture de la carte numéro 82, édition 1987/88, rappelle cette évolution des couvertures des cartes.

À cette série se sont ajoutées des cartes dites « régionales », à la même échelle mais deux fois plus grandes, à partir des années 1980, numérotées de 230 à 245, et limitées au territoire continental, la Corse continuant d'être couverte par la carte numéro 90.

La publication des cartes « départementales » et « régionales » à cette échelle a cessé au début des années 2000, au profit de nouvelles cartes régionales plus vastes mais moins détaillées, au quatre-cent-millième, et de cartes « locales » plastifiées, plus lourdes et du coup bien plus désagréables à manier... mais indéchirables !

Ma collection de cartes départementales est complète, en ce qui concerne la géographie, mais pas en ce qui concerne les années. Elle couvre néammoins la totalité de la France métropolitaine, sur une période allant du milieu des années 1930 au début des années 1980, bien que pour certaines cartes, je n'aie pas beaucoup de millésimes différents (à votre bon cœur !).

Pendant ces cinquante ans, le territoire métropolitain a subi les dégâts d'une guerre mondiale, puis la reconstruction des infrastructures de communication, la construction des autoroutes, les trente glorieuses, et de nombreux projets d'aménagement du territoire, pas tous menés à terme.

L'étude des cartes anciennes, et tout simplement la comparaison entre deux cartes représentant le même territoire à quelques années d'intervalle, peut nous apprendre beaucoup sur l'évolution du pays. De plus, il y a un côté ludique, puisqu'il s'agit en quelque sorte du « jeu des sept erreurs », à bien plus vaste échelle !
Suite : les fonds de carte