Le barrage de Malpasset
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Le barrage de Malpasset a été construit de 1952 à 1954 pour établir une réserve d'eau destinée à l'alimentation en eau potable de Fréjus et à l'irrigation des terres agricoles proches.

De 1955 à 1959, il se remplit progressivement, le débit du Reyran sur lequel il est construit étant très faible, et ces années peu pluvieuses.

Le voici sur la carte Michelin numéro 84, édition 1958. Le barrage de Saint-Cassien est déjà à l'état de projet pour soutenir celui du Reyran, mais rien n'a encore été construit, contrairement à la mention sur la carte.


Le soir du 2 décembre 1959, à 21h13, le barrage (qui ne laisse pas passer d'eau afin de ne pas perturber la construction en contrebas de l'autoroute A8, dont des piles de pont qui viennent d'être coulées quelques jours auparavant n'ont pas leur béton encore sec), sous la pression de pluies intenses, cède. L'eau emportera tout sur son passage jusqu'à la mer, ravageant la ville de Fréjus en chemin, et provoquant la mort de plus de 400 personnes ainsi que d'importants dégâts matériels.

Pour plus d'informations sur le barrage et la tragédie du 2 décembre, je vous invite à consulter le site Fréjus 59, malheureusement disparu mais encore consultable par l'Internet Archive, qui contient beaucoup plus d'informations sur la catastrophe, ainsi que de nombreuses photos.

Le site « Forvm Jvlii » dédié à l'histoire de Fréjus à l'époque romaine, contient également une page sur Malpasset riche d'informations.

Depuis 1959, le barrage est resté en l'état. Le site est abandonné et attire de nombreux visiteurs (comme moi). Des morceaux du barrage sont encore présents dans la vallée du Reyran, jusqu'à plus d'un kilomètre en aval.

Si vous êtes plus intéressés par les aspects techniques et géologiques de la rupture, je recommande la lecture de l'article Malpasset, la seule rupture totale d'un barrage-voûte dans le numéro 131-132 de la revue française de géotechnique.
La biographie d'André Coyne parue dans le bulletin de la SABIX (Société des amis de la bibliothèque et de l'histoire de l'École Polytechnique) est également une lecture intéressante.

En cliquant sur chacune des images dans la narration ci-dessous, vous aurez accès à la même image, en haute résolution (25 fois plus grande).

Pour qui regarde le fragment de carte ci-dessus de nos jours, la région semble bien vide. Le village des Adrets de l'Estérel s'est aggrandi au point d'englober celui de Planestel, et s'étend de l'autoroute à la nationale 7 ; au nord de l'autoroute, un peu au-dessus de la limite nord de la retenue du barrage de Malpasset, le village des Esterets-du-Lac a été construit le long du Vallon des Oures, un affluent du Reyran. C'est depuis ce village, au niveau de la station de pompage le long du Vallon des Oures, que je rejoins le chemin de randonnée permettant d'aller sur le site du barrage.

Au pied d'un arbre là où je me suis garé, ce torse de poupée me fixe de ses yeux vides. Certains y verront un mauvais présage, je me contenterai d'en rire en prenant tout de même une photo.
Pas de doute, je suis au bon endroit.
Je descends le long du Reyran, qui est en eaux en ce moment. Cet arbre barrant les deux tiers de son cours n'est pas le barrage de Malpasset.
Je change de rive en empruntant le pont « sur » le Reyran. Heureusement que j'ai de bonnes chaussures et que ce n'est pas si profond.
Le chemin fait un circuit autour du barrage, avec deux chemins de part et d'autre du Reyran, pouvant aussi être pris en aller-retour. Je choisis de passer par les crêtes, afin d'arriver vers le barrage en hauteur.
Forcément, il me faut aussitôt refranchir le Reyran.
Heureusement, un peu plus loin en aval, il y a presque un gué qui me permet de traverser sans trop m'enfoncer.
Et donc, direction « les crêtes », une cinquantaine de mètres plus haut. Le barrage est encore loin.
Du chemin des crêtes, on voit quasiment tout le temps la piste de l'autre chemin.
Au bout de presque une heure, le barrage est enfin visible. Enfin, ce qu'il en reste.
Je m'approche quelque peu, je vais bientôt passer à son niveau, mais bien plus en hauteur.
La base du barrage, que je verrai de beaucoup plus près tout à l'heure.
Le sommet du barrage, de profil. On voit bien que, à part pour les éléments les plus proches du sommet, la rupture, de ce côté, s'est effectué selon des plans horizontaux et verticaux. On voit aussi l'augmentation progressive de l'épaisseur du barrage.
Vue plus complète de profil.
Je dépasse maintenant le barrage. En contrebas, au premier plan, une rampe métallique le long d'un chemin plat matérialise le parapet du sommet du barrage.
On le voit un peu mieux sur cette photo.
Le Reyran en aval du barrage, avec de nombreux fragments du barrage.
Je distingue également en contrebas, depuis la buse au centre de la photo précédente, la route d'accès au barrage (l'ancienne D37 ?)
Avant décembre 1959, le barrage aurait rempli presque tout le champ de cette photo...
Je passe le long d'un abri de chasse aménagé dans un arbre.
Vue du barrage depuis l'abri.
Vue de l'aval du barrage.
Vue plus complète de l'aval : des fragments du barrage se retrouvent après le premier coude (et il y en a d'autres encore plus loin !)
Gros plan sur quelques morceaux du barrage en aval.
Les mêmes, sous un angle différent.
Gros plan de la prise de vue précédente.
Je suis descendu au niveau de la route qui desservait le barrage, je vais revenir vers le barrage au lieu de continuer le circuit normal.
Je vais d'ailleurs passer sous la buse au niveau de laquelle je me trouvais il y a quelques minutes.
Dans un premier temps, je vois la partie gauche du barrage, à peu près à ma hauteur.
L'accès au parapet est « protégé » par un arbre en travers. Ceux qui me connaissent savent que ce genre d'obstacle n'est pas suffisant pour m'arrêter.
Me voici donc sur le parapet. Depuis lequel l'ancrage est du barrage est visible. J'en suis tout de même séparé par une bonne quinzaine de mètres de vide...
Assis au bord, les jambes dans le vide, je constate que la rupture du barrage n'a pas fait les choses à moitié. Je suppose que ce dernier tronçon d'accès était une sorte de pont allant de la route au bord du barrage.
En regardant plus à l'est, voici l'ancrage du barrage dans la paroi.
Et enfin, en regardant vers l'ouest, voici le barrage et la fin de la rampe métallique.
Meilleur cadrage du barrage. Notez, en bas, un énorme bloc de forme triangulaire.
Gros plan sur ledit bloc et le centre du barrage. On voit bien, dépassant du barrage, le déversoir.
Autre vue, nonchalemment appuyé sur la rampe (sans aller jusqu'à avoir la cigarette au bec, tout de même). Sur le Reyran, d'autres promeneurs sont en balade.
Je reviens sur mes pas pour m'approcher du barrage proprement dit.
Je suis tenté d'aller au bord ici aussi, mais la végétation est plus épaisse et sera plus difficile à contourner. Ce sera pour une autre fois !
En revanche, je découvre, juste derrière le barrage, cette ancienne conduite forcée, et je décide de descendre le long d'icelle.
En me retournant, je constate, au vu des graffitis et autres marques dans le béton, que je ne suis pas le premier à passer par là.
Le barrage, depuis la conduite.
Curieusement, aprés être descendu un peu plus, les graffitis disparaissent ! Il faut dire que la pente de la conduite est assez forte, et que je suis bien content de pouvoir m'aider de mes bâtons pour descendre en douceur.
La vue sur l'épaisseur du barrage est maintenant presque totalement dégagée.
Gros plan de la vue précédente.
Je passe le long du bloc triangulaire vu tout à l'heure. Il s'agit clairement d'un bloc arraché au barrage, et retombé à l'envers (le sommet étant le plus bas). J'en ferai le tour un peu plus tard.
Derrière moi, le sommet du barrage ainsi que la pile, avec le parapet tordu, où je me trouvais tout à l'heure.
Encore une vue du barrage.
Gros plan sur le centre, sur lequel on distingue des renforts métalliques du béton armé, qui n'accrochent plus rien.
Gros plan sur le déversoir et la base des ruines.
Plan plus large du barrage.
J'arrive vers la fin de la conduite. Devant moi, le Reyran.
Je vais pouvoir quitter la conduite et partir à gauche vers le barrage.
Le bloc triangulaire. De ma position, je vois désormais la face droite, dont l'aspect correspond à celui de la route ; cette face devait être horizontale, et au sommet du barrage.
La conduite, plus facile d'accès par le bas, est de nouveau victime de graffitis.
Je vais donc vers le centre du barrage.
La fin de la conduite est coffrée et enterrée, de toute façon.
Entre la conduite et le barrage, la roche brute.
Photo de famille, avec la roche du Malpasset, le sommet est du barrage, et le fragment triangulaire qui, ici, semble être juste un nez.
La base du barrage. Les trois à quatre mètres les plus bas ont tenu.
Nouvelle vue du « nez ».
Gros plan sur le « nez ». En plus de l'aspect de la face de droite, la rainure visible autour de cette face montre bien qu'elle se situait au bord du barrage, et donc le bord haut.
La face de droite du « nez » de plus près.
En remontant vers le « nez », je dois éviter des tiges de fer tordu, qui faisaient a priori parti de l'armature du béton.
Il y en a partout.
Je profite d'une pause pour souffler dans la montée pour prendre cette photo du barrage.
Du « nez » émergent aussi des tresses de fer.
J'en ai presque fait le tour !
D'ailleurs, si je continue à monter, je vais me retrouver au sommet. Enfin, une dizaine de mètre en à-pic sous le sommet.
Derrière le « nez », cette plaque de métal est probablement une ancienne porte en fer, quelque part dans le barrage. Et qui s'est retrouvée pliée comme du papier à cigarette avant d'être écrasée par un fragment de roche.
Et voici l'autre côté du « nez ».
Je vais redescendre vers le barrage.
Le « nez ».
Le sommet du barrage.
La base du barrage.
Vue de la face initialement horizontale du « nez » lors de la descente.
Des tresses de fer se trouvent un peu partout dans la descente.
Me voilà au bord du Reyran. Voici le côté ouest du barrage vu de la base.
Gros plan sur le point de rupture le plus bas, côté ouest. Notez les fissures à peu près perpendiculaires à la roche, plus bas.
Gros plan sur la base du barrage. Elle est également fissurée, selon un plan horizontal (à peu près).
Le centre du barrage et le déversoir.
Gros plan sur le coin du barrage par lequel passe le Reyran.
D'ailleurs, un panneau met en garde les aventuriers qui tenteraient de passer sous le barrage. C'est certes tentant, mais là, il y a trop d'eau.
Trop d'eau, mais pas assez pour m'empêcher de changer de rive.
Ce qui me permet de m'approcher un peu du coin. Rien à signaler, pas de monstre du Loch Malpasset aux aguets.
Et maintenant il me faut retraverser pour aller vers le déversoir.
Au passage, je me trouve juste au bon endroit pour que le « nez » pointe vers l'endroit dont il a peut-être été arraché. Mais je ne serais aucunement surpris qu'il provienne plutôt de l'autre côté du barrage.
Le flanc du barrage, depuis le déversoir (enfin, presque).
Gros plan sur la fissure horizontale. Et ses voisines.
Sans surprise, au pied du barrage vers le déversoir, des tresses de fer.
Le déversoir.
Autre vue du déversoir.
Gros plan sur le déversoir.
Contenait-il une turbine ?
S'il y avait moins d'eau, aller prendre une vue de dessus serait tentant...
...mais c'est dangereux. Voyez comme la malheureuse silhouette a trois articulations au bras droit.
Revenu à la roche, une autre vue de profil avant que je ne change de côté.
En amont, la courbure de la paroi est bien visible, surtout au niveau du raccord avec les renforts.
Le profil du barrage, depuis l'amont.
Un des renforts. Celui-ci est placé au-dessus du déversoir...
...que l'on voit plus bas. La grille formée par les lames de béton date-t-elle du barrage ou a-t-elle été ajoutée après la catastrophe, pour empêcher l'accès au déversoir ? En tous cas, elle a souffert quelque peu...
Les agrafes semblent être de l'ossature de béton, ce qui laisserait supposer que tout ceci faisait partie du barrage.
Un fragment de béton coincé entre deux tiges de béton...
Vue du déversoir (au flash) entre deux tiges.
De profil, les trois planches ont probablement été ajoutées après la catastrophe.
Vue des renforts, et à l'arrière-plan, le sommet du barrage.
Un deuxième renfort, sans déversoir, se trouve un peu plus loin.
Ici aussi, le malheureux personnage aux trois articulations du bras droit a été sollicité.
Le coin par lequel passe le Reyran est un peu plus encombré de ce côté-ci.
Ce qui le rend tout autant dangereux.
L'amont du barrage, de profil, depuis l'autre rive.
L'arrière du barrage.
Une dernière vue de profil avant de m'éloigner.
La roche en amont, sur la rive ouest.